Chaque histoire de vie est unique et nous mène à ce qu’on est

Je m’appelle Sylvie, j’ai 58 ans et je suis arrivée à Nantes il y a 3 ans pour changer de vie. J’étais séparée et je me suis installée en tant que traiteur végétarien. Au début je ne connaissais personne mais j’ai entendu parler d’un dîner avec des gens de la rue. C’est là que j’ai rencontré Guirec, un volontaire, qui m’a parlé de Lazare. Je l’ai recroisé dans la rue un dimanche matin, alors que j’étais seule et triste. Il m’a invitée à déjeuner à Lazare. On s’est retrouvés à quinze puis on a tous été au cinéma. Ce qui m’a séduite tout de suite, c’est la simplicité des relations.

Je suis devenue amie de la maison : je les ai accompagnés en vacances, au bowling… C’est Charlotte, une coloc, qui m’a suggéré de venir vivre à Lazare. J’y avais pensé mais je me disais que j’étais trop âgée, et puis il y avait mon appartement ! Mais ça a résonné en moi. J’ai fait ma demande et j’ai été acceptée. Quand j’ai annoncé à Patrick que j’allais venir à Lazare, il m’a dit : « Oh mais quelle chance elles ont de t’avoir ! ».

Personne ne m’avait jamais dit que je pouvais être une chance pour quelqu’un. J’ai été profondément touchée.

A mon arrivée il y a eu un vertige d’une demie journée pendant laquelle je me suis demandé ce que je faisais là… Et puis le malaise s’est évanoui rapidement et tout s’est enchaîné. Je me souviens de l’anniversaire de Josiane, qui était tellement émue qu’on lui offre des cadeaux comme si elle ne les méritait pas. Elle nous disait « je vous remercie » en mettant du poids dans chacun des mots, du pèlerinage des sans-abris où on a vraiment senti qu’on était tous frères, des vendredi soir où chacun apporte quelque chose, les anniversaires qui sont chacun l’occasion d’une fête. J’adorais aller prendre des cafés avec les colocs à l’extérieur, les accompagner à leurs rendez-vous médicaux. Ce sont des moments où on parle, on se dit des choses nouvelles.

À Lazare je me suis sentie à ma place.

Ma décision a peut-être choqué mes proches, ils ne m’ont pas beaucoup posé de questions, mais mes 3 enfants sont venus et ça les a rassurés : on vit dans des appartements clairs et beaux. En fait cette année a libéré nos rapports : on se dit plus les choses. Peut-être que le fait d’avoir vécu avec des gens de leur âge me permet de me sentir plus proche d’eux. J’ai l’impression de mieux les comprendre. Je me fais moins de souci qu’avant, j’accepte la vie : les démissions, les changements d’orientation… Je sais aujourd’hui que chacun avance à son rythme. Je me demandais au début si ce ne serait pas plus compliqué de vivre avec des trentenaires qu’avec des gens qui ont connu la galère. Finalement je trouve que ça a été cool, que les gens m’ont acceptée telle que j’étais.

Ce que j’ai pu expérimenter cette année c’est la simplicité, les rapports humains simples sans ronds de jambes. Ici on peut parler de choses futiles mais on est dans l’essentiel. J’ai été touchée par la rencontre avec les personnes qui ont été piétinées dans leur dignité. Pouvoir être là, se prendre dans les bras, sans relation d’aide c’est un trésor. Une relation de personne à personne.

C’est une ouverture du cœur incroyable qui nous est proposée, une chance merveilleuse qui m’a été donnée.

Au début j’avais tendance à vouloir que les gens changent, que certains sortent de leurs addictions etc. Mais j’ai découvert que moi-même j’étais acceptée telle que je suis, alors j’ai pu comprendre que chacun chemine à son rythme. J’ai eu le cœur tellement ouvert par cette expérience, ça va me permettre de rencontrer les personnes comme elles sont. Chaque histoire de vie est unique et nous mène à ce qu’on est, il n’y a pas de jugement à porter. Cette année m’a ouvert le cœur pour la vie, je me sens prête aujourd’hui à beaucoup plus de rencontres !

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